Vhë se place devant les élèves réunis, s'éclaircit la voix. Le choix et le montage de l’épée :
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Il paraît nécessaire, avant de donner les règles de se servir une épée, d’enseigner non seulement la manière de la bien monter, mais aussi celle de choisir une lame. Avec une mauvaise épée dans la main, quelque courageux et adroit que l’on soit, on court le risque de se trouver dans un grand embarras. »
C’est la l’essentiel de la leçon que nous allons aborder aujourd’hui.
On doit proportionner une épée à sa taille :
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Il y a erreur de penser qu’il y ait de l’avantage à se servir d’une longue épée, puisque si un adversaire déterminé et adroit gagne le fer, en serrant la mesure, il serait très difficile avec une longue épée de débarrasser la pointe sans raccourcir le bras et dans ce temps là, celui qui aurait une épée courte aurait l’avantage et serait en état d’en profiter. »
C’est pourquoi je préfère utiliser une épée à une main, très maniable et nécessitant moins de force. Je compense le manque de puissance de cette arme par une mobilité accrue dans la mesure. De plus je ne pare pas les coups administrés par mon adversaire, je les dévie. Cette technique certes assez difficile permet de ne pas perdre d’énergie dans une confrontation directe et périlleuse pour la lame. Cela permet de conserver sa lame en mouvement et de faire mouche rapidement et précisément. J’ajoute même que cela permet de d’utiliser l’inertie propre au coup de l’adversaire, car la déviation lui fait poursuivre son mouvement vers une destination non dangereuse pour soit alors que dans le même temps, sa propre lame demeure menaçante. Poussé dans son élan, même bon bretteur et fort musclé, l’adversaire ne saurait faire revenir son coup. Je me permets de préciser également aussi, que c’est ainsi qu’il convient d’utiliser un bouclier si l’on ne veut pas finir le bras meurtri. Mais ce n’est pas vraiment le sujet de mon intervention, veuillez m’excuser de cette escapade.
Vhë se gratte la tête et reprends :Ainsi donc dans le choix de votre épée, n’oubliez pas de bien connaître vos limites et ayez conscience de l’utilisation que vous aurez à en faire. J’entends par la que le terrain ne vous permettra pas toujours d’avoir l’épée la plus longue où que vos adversaires auront suffisamment de protections contre votre petite épée.
Ainsi fixé sur le style de l’épée, (qui orientera votre technique de combat), voyons maintenant de plus près l’épée en elle-même :
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Il faut faire attention en choisissant la lame, qu’il n’y ait aucune paille. Les pailles ressemblent à de petites taches noires et sont creuses. Les unes se trouvent en travers de la lame et d’autres en long. Les premières font casser les lames le plus aisément. »
Ne négligez pas cet aspect de même que l’entretien de votre arme. Ce n’est pas en plein milieu de la bataille quand en dernier recours vous voudrez parer le coup de l’ennemi qu’il faudra s’en soucier, votre tête ne tarderait alors pas à tomber. Les pailles sont des défauts de fabrication, il peut être difficile de les distinguer. Soyez très vigilants. N’hésitez pas à tester les lames que vous désirez acquérir. La rouille est un ennemi féroce qu’il faut combattre au quotidien par un fourbissage régulier. Ne laissez pas la rouille s’installer, elle est comme le pêché qui ronge le cœur des hommes.
Bien connaître son épée, autant que soit même :
Elle peut devenir avec votre foi inébranlable votre seule sauvegarde dans la fureur d’une bataille. Quand vous serez seul avec elle et votre foi contre tous, elle devra être le prolongement de votre esprit. Ne lui demandez pas ce que vous ne pouvez pas faire, permettez lui de montrer toutes ses compétences. Cette connaissance passe d’abord par le fort et le faible de votre lame.
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Il n’y a qu’un fort et qu’un faible dans la lame d’une épée, tant au-dedans qu’au dehors des armes. Le fort est le tranchant de la lame depuis la garde jusqu’au milieu où le faible commence, qui finit à la pointe. On ne peut que trop s’appliquer à connaître le fort et le faible d’une épée, puisque c’est de ces deux articles que dépend l’exécution de tous les faits d’armes. »
Les parties de l’épée :
Vhë va chercher une épée sur un ratelier et énonce les principales parties de l'épée.1 : le pommeau
2 : la popignée
3 : le ricasso (partie de la lame sans aucun tranchant)
4 : la garde (formée par les quillons)
5 : le fort (jusqu'à la moitié de la lame)
6 : le faible (l'autre moitié de la lame)
7 : la pointe
Sur une épée à un seul tranchant, la partie opposée au tranchant s’appelle le contre tranchant.
La soie de l’épée (non visible sur cette figure) commence au pied de la lame, c'est-à-dire à l’extrémité du ricasso du coté de la garde, et fini à l’extrémité du pommeau. Une partie de la soie est taraudée pour pouvoir visser le bouton.
Le montage de l’épée :
Les quillons formant la garde viennent se placer contre le ricasso. Juste derrière correctement jointé, il faut placé une rondelle de cuir dont la fonction est d’amortir les coups reçus par la lame afin de ne pas les transmettre dans le poignet du bretteur. Vient ensuite la poignée qui est faite le plus souvent de cuir ou de bois et qui est habillée ensuite. Le bouton vient après se visser sur la soie. Il ne reste plus qu’à placer le pommeau qui peut être creux et contenir des reliques. Pour que le tout tienne solidement, il faut rabattre la soie sur le pommeau comme l’on ferait avec un rivet à mater. Cette opération est primordiale, elle garantie la solidité de l’ensemble. Aussi, il faut bien veiller à ce qu’il n’y ait pas de jeu entre les différentes parties. Si celles-ci n’étaient pas tout à fait correctement ajustées, il conviendrait de bloquer le jeu par des petites cales en bois.
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Lorsque l’on fait monter une épée, il ne faut pas faire limer la soie, car c’est de cette partie que dépend la fermeté d’une épée. Si la soie se trouvait plus grosse qu’à l’ordinaire, il faudrait faire ouvrir et limer le dedans du corps de la garde et du trou du pommeau, et enfoncer avec un marteau des éclisses de bois dans les vides de la monture de l’épée. Le pommeau et le bouton doivent être de deux pièces. Le dit bouton doit entrer à vis dans le pommeau et faire cinq tours de la soie qui doit passer à travers le bouton. Battre le bout de la soie avec un marteau, la réduire en pointe de diamant sans se servir de lime. Cette méthode est la meilleure, je la recommande à tout homme d’épée. Il faut aussi que la garde de l’épée porte juste sur l’assiette du talon de la lame. »
J’espère que ces conseils vous seront utiles et que j’aurai su vous les transmettre. Il est vrai que je n’ai pas la pédagogie de nos illustres maîtres d’armes. Si vous avez des questions, je m'efforcerai d'y répondre. Bonne escrime à tous et à toutes.