Grand nettoyage d'hiver

Ainsi que le lui avait demandé le Hochmeister, Florika ouvrit la porte de l'herboristerie afin de la remettre en ordre.

Des mois que personne n'y était entré!!

Elle avanca jusqu'au centre de la pièce, et tourna sur elle même afin d'évaluer le temps qu'elle allait passer à tout ranger.

Des bocaux sales trainaient à terre...des plantes moisies pendaient du plafond... les chaudrons noircis dans la cheminée pleine de cendres froides.

Elle fut étonnée par la quantité de poussière qui trainait sur la grande table en bois qui trônait au beau milieu de la pièce et sur les étagères.

C'est le paradis des araignées ici! Se dit elle.

Elle frissonna : Brrr... je suis sure qu'il y a des rats aussi!
Mais, j'ai promis... allez, courage... avec l'aide du trés Haut, je vais bien y arriver!

Elle retroussa ses manches et décida de déplacer une énorme planche de bois épaisse à terre, afin de la poser sur des tréteaux!

La planche était trop lourde et elle la lacha dans un énorme fracas!

Revenant de la salle d'armes où il était parti s'entraîner à quelques passes, CalaEog fut surpris par un grand fracas qui provenait d'une pièce à l'étage. N'étant jamais beaucoup allé dans cette partie du château, il se demandait si quelqu'un ne s'était pas dissimulé là haut. Il monta donc les marches quatre à quatre, manquant une fois de plus de trébucher et de s'étaler de tout son long. Pensant à son séant qui lui était douloureux depuis la séance de déneigement de la cour de la veille pour la sécurité du Frère Eckris, l'OrdenMarschall ralentit un peu son allure.

Il arriva devant une lourde porte ferrée semblant dissimuler la source du bruit qu'il avait entendu.

Avec précaution, il la poussa, sur ses gardes...

Alors un rat se rua hors de la pièce, passant entre ses jambes.

- Maudit rat ! Si petit et faire autant de fracas ! Heureusement que cette partie du château ne sert quasiment pas.

"Il faudra que j'envoie quelques Neulings faire le ménage et poser des pièges tout de même, je n'aime pas savoir la vermine en nos murs" pensa CalaEog.

Alors qu'il allait refermer la porte, il aperçut une silhouette qu'il n'avait jusqu'alors point vue.

- Soeur Florika ? C'est bien vous ?

Se rendant compte de l'incongruité de sa présence ici, l'OrdenMarschall se justifia

- Je revenais d'un entraînement quand j'ai entendu du bruit... Tout va bien ?

Florika, concentrée sur les efforts qu'elle devait déployer pour déplacer la lourde planche de bois, n'entendit pas les pas dans le couloir.

Alors, qu'elle portait presqu'à bout de bras la pièce de bois en essayant de rapprocher avec la pointe des pieds les deux tréteaux, afin d'y poser la planche, elle entendit une voix derrière elle.

Elle sursauta et lacha à nouveau la planche sur les pieds.


Aïe!!!

Elle fit volte face

Frère Cala... c'est vous ?

Elle fit une grimace de douleur et souffla.

Navrée si je vous ai obligé à monter jusqu'ici!

Oui, tout va bien... J'ai seulement laché cette planche... J'ai encore présumé de mes capacités! Je voulais ranger l'herboristerie.

D'un geste circulaire, elle désigna la pièce.

Voyez le désordre et la saleté.
Comment voulez vous que j'occupe une pièce aussi encombrée ?

- En commençant par y mettre de l'ordre probablement ! dit CalaEog en souriant et en jetant un regard circulaire sur la pièce pour le moins...encombrée.

- Mais laissez donc, je vais vous aider, cette planche est bien trop lourde pour vous. Où dois je la déposer ? Je crois comprendre que vous allez vous occupper de ces lieux alors. C'était une herboristerie non ? Il y aura bien du travail... En quoi d'autre puis je vous être utile ma Soeur ? demanda t il un peu étonné de tout le travail nécéssaire pour rendre à cette pièce l'aspect qu'elle aurait dû avoir.

Elle regarda Frère CalaEog posait sans effort apparent, intérieurement heureuse qu'il vienne à son secours et lui propose son aide.

Hmmmm... si vous pouviez remettre en place ces étagères, là.
Il suffirait de les poser ici, sur les tasseaux fixés contre ce mur.
Pendant ce temps, je pourrais ranger ces pots en terre qui trainent par terre.

Tout en donnant ces directives à Cala, Florika, qui avait entrepris de retirer un lourd chaudron en fonte de la cheminée afin de la nettoyer ensuite.

Alors qu'elle portait avec grand peine le chaudron par son anse, son pied, encore endolori, buta contre un des pots en terre qui trainait par terre et elle perdit l'équilibre, elle laissa alors partir le chaudron qui atterrit dans le dos de Cala.

Cala, qui admirait son oeuvre de mise en place des étagères, se trouva projeter contre un des tasseaux qui, mal soudé à l'origine, sortit du mur.

Florika réussit à maintenir un semblant d'équilibre... avant de voir l'OrdenMarshall rebondir à terre, sous un amas de planches de bois et, étrangement, coiffé d'un pot en terre duquel dégouliné un liquide noiratre et visqueux qu'elle identifia immédiatement comme étant une macération d'anguilles dans de l'huile de foie de morue, remède souverain pour lutter contre les grands froids... mais apparemment bien trop vieille pour être encore efficace!

Honteuse de sa maladresse, elle resta un instant sans bouger, la main sur la bouche, ne sachant que faire.

Elle le vit bouger et tourner le regard vers elle. Il ne semblait pas blesser.
Alors, se rendant compte de la situation, elle se mit à balancer entre le fou rire et la compassion.

frère Cala... je... je suis désolée...Je... Elle lui tendit la main pour l'aider à se relever Pardonnez moi... c'est ma faute... je suis si maladroite!!

Elle regarda sa main pleine du liquide visqueux et malodorant et fit la grimace.

Décidemment... cette herboristerie avait bien besoin d'un sérieux ménage!!

Elle regarda CalaEog, qui n'avait pas encore retirer le pot de sur sa tête... et éclata de rire!

Dieu Tout Puissant... Frère Cala...

La jeune prêtre s'approcha de Cala en faisant trés attention à ne pas glisser sur l'huile répandue par terre.

Elle se pencha sur lui... et se rendit compte qu'il était sans connaissance.

Immédiatement, elle s'agenouilla auprès de lui et l'observa.

Paleur... les mains tièdes... bon!!... juste un bon coup sur le crane.

Elle regarda son cuir chevelu et passa son doigt légérement sur une bosse qui commençait à enfler.

Pas de saignement!! Il faut dire qu'il a le crane dur notre OrdenMarschall!

Elle regarda tout autour d'elle les tessons de terre et la saleté et se dit qu'il lui fallait sortir Cala de là.

Elle passa alors délicatement sa main sous la tête de Cala afin de la surélever et appela à l'aide.

Hé ho.... S'il vous plait....

Quelqu'un pour m'aider!!!

Henri revenant du déblayage de neige entendit les cris de sa filleule et accouru aussitôt

Que c'est-il passé ?

Henri se demanda comment Florika aurait pu assomer un homme si majestueux mais après quelques brèves explications il déclara :

Vous connaissez sûrement mieux que moi la medecine que faut-il faire dans le cas présent ?

Florika regarde son parrain un peu surprise... Vous avez cru que je l'avais assommé ???

Moi ???

Mais... non... Ce n'est pas moi... c'est cette étagère!!

Enfin... non... c'est ce tasseau plutot!!

Ou... ces anguilles !!!

Non... je sais... c'est ce chaudron!!!

Enfin... bon... aidez moi plutot à le porter hors des ses morceaux de pointes, de bois... et de pots en terre!!

Il pourrait se blesser s'il se réveillait !!!

Henri prit frère CalaEog et le posa délicatement sur la porte d'une grande armoire

Cette porte fera un excellent brancart pour l'amener en lieu sûr, faîtes attention de ne pas vous enfoncer d'écharde soeur Florika.

Florika respira un grand coup et fit un effort surhumain pour soulever la porte avec CalaEog dessus.

Elle faillit glisser sur une anguille, fit basculer le brancard de fortune... et réussit à le stabiliser de justesse!
Elle indiqua du menton à son parrain une petite porte sur l'un des murs.

J'ai cru voir une pièce remplie de paillasse de ce coté!

Peut être pourrions nous y transporter l'OrdenMarschall afin qu'il retrouve ses esprits?

L'OrdenMarschall se trouvait justement au même moment à cheval, promenant ses pas dans les vallons escarpés et boisés des alentours de Marienbourg. Le paysage encore enneigé se nimbait d'une clarté lumincescente diffuse, renforçant l'éclat blanc du tapis neigeux, contrastant avec le sombre des forêts d'épicéas centenaires.

De loin en loin résonnait le cri d'un oiseau auquel répondait le sifflement du froid vent du ponant. CalaEog appréciait cette sensation du vent frais sur son visage mal rasé, même si le froid rappellait à son bon souvenir son nez cassé lors des joutes de l'Ordre au début de l'hiver.
La chaleur de son cheval et son mouvement sous le cavalier étaient très rassurants aussi. CalaEog ne s'était jamais sentit autant en forme qu'à cheval ou une arme à la main.

Le rythme lent de sa monture le berçait, le battement de son épée contre son flanc était régulier. Il aurait ainsi pu passer des heures, des journées entières à parcourir cette rude campagne, à prier le Seigneur ou à inventer des phrases d'armes de qualité.

Tout à coup, un élément étrange de ce paysage enchanteur le perturba. Voilà maintenant plusieurs heures qu'il chevauchait, et un détail l'agaçait dans un coin de son esprit sans qu'il parvienne à mettre le doigt dessus.
La révélation se fit d'elle même : la campagne de Marienburg sentait la mer et le poisson !

Autant CalaEog aimait les montagnes et les chevaux, autant la mer ne l'avait jamais vraiment attiré malgré les passionnants récits que certains voyageurs lui en avaient fait.

Chose plus étrange encore, depuis qu'il avait rejoint l'Ordre, jamais il n'avait sentit telle odeur à Marienbourg !

D'une manière incompréhensible, il se retrouva subitement sur un bateau, lui qui n'avait jamais mis les pieds sur pareil piège à bipède, secoué par des vagues sans cesse plus hautes les unes que les autres, ballotté d'un bord à l'autre, de la proue à la poupe, avec toujours, tenace, cette horrible odeur de poisson.

Dieu qu'il détestait la mer !

Voici qu'elle allait bien le lui rendre, malade qu'il devenait de ces chahuts, et qu'à son tour... il allait rendre !

- Gmmmmrrmmblllgmmmr !

Vous pensez qu'il va bien ou il faut aller chercher l'avis d'un médecin.
C'est quoi cette pièce, je n'ai jamais vu autant de poissons dans un si petit lieu.

Kane venait de revenir de la Savoie pour une halte et entendit du bruit venant de l'ancienne Herboristerie. Il grimpa les escalier et vit deux frères debout et un par terre.

Kane les regarda à tour de role et avec un sourire il dit: "Bonjour à vous! Lequel de vous deux à été tellement exaspéré qu'il a eu l'idée d'assommer notre pauvre OrdenMarschall?

Florika s'éloigna à quelques pas du lieu du drame afin d'évaluer les dégats.

Il s'agissait de prendre un peu de recul pour ne pas céder à la panique.

Frère Kane, s'il vous plait, voulez vous appeler un domestique afin qu'il vienne en aide à frère Henri ... et aussi, qu'il nettoie un peu par terre, aussi ?



Elle s'approcha de son parrain et, le bras tendu, du plus loin possible, le doigt à peine posé sur son omoplate, elle le poussa vers le couloir.

Cela fait, elle rejoignit Cala qui était assis, un peu choqué, sur son brancard de fortune.

Elle se pencha vers lui, et lui demanda doucement : Comment vous sentez vous Frère Cala ? M'entendez vous, au moins ?

-Gnnnné ? Qui ?

Manifestement, CalaEog se demandait s'il était encore en mer, à cheval... ou par terre ! Il leva une main huileuse jusqu'à son crâne et cru un instant y sentir une petite bosse. Un instant seulement car il s'agissait plutôt d'une bosse grosse comme un oeuf. Il eut un instant de flottement durant lequel il se demanda comment il était arrivé là, ainsi que cet oeuf sur son crâne, et surtout, depuis quand il n'avait pris de bain pour sentir aussi mauvais...

Des sons diffus lui parvenaient mais il mit quelques secondes à comprendre de quelle direction ils venaient. Il reconnut la voix de Schwester Florika et alors qu'il ne comprenait que vaguement ses paroles, les funestes événements dont il avait été victime lui revinrent en un éclair.

Dés lors, gêné tant par sa maladresse que par son ridicule, tout ce qu'il parvint à faire fut de sourire benoîtement... Décidément, il était fait pour les armes et les champs de bataille, pas pour le ménage !

"OrdenMarschall, vous allez mieux? Nous allons vous aider à vous relever, moi et Soeur Florika.

Ne vous en faite pas ma Soeur, il est robuste, croyez moi, je l'ai déjà vu sur un champs de bataille, il en a vu des biens pires.

Il ne faut pas abuser de la bière de notre bon Frère Gunther, Cala! LOL"

Il le soulevèrent et il le conduisèrent à l'infirmerie.

Le Gross Hospittler Eckris entre en trombe dans la pièce, suivi de son fidèle Igor, un véritable colosse humain au visage presque toujours impassible.

Quoi ! Qu'est-ce que cela?

Eckris distingua dans l'herboristerie, qui ressemblait d'ailleurs plus à un vaste chantier de démolition qu'à un lieu de médecine, quelqu'un au habit identique à ceux de Frère Cala mais qui était là, déchiré d'un peu partout.
Après quelques secondes de réflexion, le Prélat toujours sérieux et même énervé commença à s'esclaffer bruyamment; il avait en effet reconnu le Frère Maréchal de l'Ordre malgré ses blessures, son visage en mauvais état, des vêtements déchiqueté et la substance gluante et nauséabonde qui l'enduisait, bref malgré son état plus que pitoyable.

Après quelques minutes de rire pendant lesquelles Florika, KaneBioth et Henri était visiblement mal à l'aise, Eckris regarda fixement le Frère Cala.

Vous n'êtes pas sérieux mon Frère.... je n'ose même pas imaginer ce que vous avez fait pour arriver dans cet état...
Je vous avez gentiment demandé de balayez la neige de la cour de l'Abbatiale. Je m'absente quelques instants, et POUF plus là !
Je vous cherche en compagnie d'Igor, durant une bonne partie de la journée dans la taverne et la salle d'arme en t’autre, et DIEU SOIT LOUE il a fallu que je passe devant l'herboristerie pour que j'entende d'étranges bruits à l'intérieur. Et ... Et je vous y voit... enfin mieux sûrement aurait-il fallu que je vous y voit pas... (Rire d'Eckris)

Aaah... Aaah... Frère Cala, Frère Cala. (En soupirant)
Bon, il ne faut que personne ne vous voit dans cet état.

Dépêchez vous de l'emmener à l'infirmerie... (Rire d'Eckris)

Kane aida ses Frères a emmener CalaEog à l'infirmerie avec de temps en temps quelques rires de Eckris.

"Ne vous en voulez pas Soeur Florika, ce n'est pas de votre faute, il s'en remettre très vite", lui dit-il en chuchotant.

- Ohhhh... Ma tête dit l'Ordenmarschall. Il semblait retrouver un peu de vigueur au fur et à mesure qu'il marchait. Chaque pas semblait un peu plus assuré que le précédent grâce au soutien de Schwester Florika et de Bruder Kane. C'est d'ailleurs seulement à ce moment là que CalaEog se rendit compte de la présence de son Frère. Il fut ravi de le voir ainsi à ses côtés, comme au combat, même s'il ne comprenait pas pourquoi il se sentait si mal en point alors qu'aucun combat n'avait eu lieu et qu'il n'avait rien bu depuis belle lurette!

- Que... que s'est il passé ? Une attaque ? Je me souviens que je tenais l'étagère... et puis... comme un son de cloche dans ma tête... Après... euh... Je crois que j'ai rêvé. Oui ça doit être ça... J'ai dû rêver. J'étais en bateau j'ai eu le mal de mer, et il y avait le Frère Eckris avec son horrible tête... A moins que ce ne fut celle de son secrétaire... Et j'étais attaqué par des nuées de poissons...

CalaEog parut rélféchir un instant...

- Mais d'ailleurs... Qu'est ce qui sent si mauvais ? Oh mon Dieu ! Il faut que je me dépêche j'ai encore beaucoup de travail !