Ce dimanche matin, il a neigé sur Marienburg. Le frère Eckris ouvre péniblement dans le froid le cortège des frères et sœurs qui se dirige vers la chapelle Saint-Maurice. Napoliu le suit, accompagné du Hochmeister.
Tout le monde prend place à l’intérieur. Il faut briser la glace qui recouvre l’eau du bénitier.
Benedictus prend alors la paroleEn cette journée du 11 février 1454, je vous ai rassemblé dans notre chapelle, mes frères et mes soeurs, afin d’assister à l’élévation de frère Napoliu, ici présent au rang de chevalier de notre Ordre.
Cette cérémonie récompense ce frère qui a promptement pris une part active dans la pénible affaire du crâne. Il s’est montré d’un dévouement sans faille.
Frère Napoliu a su aussi montrer sa valeur lors de la joute de Noël, joute qui a valu quelques souvenirs cuisants à de nombreux frères. Il l’a remporté haut la main. Saint Aristote veillait donc tout particulièrement sur lui.
Napoliu s’avance lentement les mains jointes et se dirige vers le Hochmeister Benedictus et le Grosshospittler Eckris qui sont côte à côte devant l’autel.
Napoliu a revêtu une simple robe de bure et marche pieds nus. Ses orteils ont pris une belle couleur violacée.
Il a autour du coup son épée suspendue.
Il s’agenouille devant Benedictus et Eckris.
Le Hochmeister récite les devoirs du chevalier teutonique :
Tu croiras à tous les enseignements de l'Eglise aristotélicienne et tu observeras ses commandements.
Tu protègeras l'Eglise et l’Empire
Tu défendras tous les faibles.
Tu aimeras le pays où tu es né.
Tu ne fuiras jamais devant l'ennemi.
Tu combattras les infidèles avec acharnement.
Tu rempliras tes devoirs au sein de l’Ordre, à condition qu'ils ne soient pas contraires à la loi divine.
Tu ne mentiras jamais et tu seras fidèle à ta parole.
Tu seras libéral et généreux.
Napoliu pose alors ensemble ses mains sur le Saint Crâne d’Aristote que leur tend Eckris et d’une voix ferme il dit :Je le jure devant Dieu et l’Ordre ici réuni ! Deus Manum Ducit !
Le GrossHospittler le bénit ainsi que son épée qu’il prend désormais à la main.
Napoliu étant toujours à genoux, Benedictus s’approche et lui donne la collée : trois coups du plat de la main sur la nuque en prononçant les paroles suivantes :"Au nom de Dieu, de Saint Aristote, de Saint George et de Saint Maurice, je te fais chevalier teutonique ! Sois vaillant, loyal et généreux !"
Napoliu se relève alors.Tous les frères et toutes les sœurs assemblés tirent leur épée, les tendent vers le ciel et en un cri terrible font retentir par trois fois : GLOIRE A ARISTOTE !